"Un jour, ça va dégénérer" : des riverains exaspérés par les incivilités durant les fêtes de Gourdon

C’est une petite rue tranquille, bordée de jolies maisons en pierres jaunes typiques de Bouriane. Elle est idéalement située au cœur de la butte de Gourdon, cet entrelacs de ruelles entre le tour de ville commercial et l’église Saint-Pierre. Mais quelques jours par an, des riverains de la rue Danglars échangeraient bien leurs maisons : au moment des incontournables fêtes de la Saint-Jean (quatre jours de festivités autour du dernier week-end de juin), leur cadre de vie se transforme en "arrière-boutique des bars et restaurants du coin". Une situation qui se reproduirait dans une moindre mesure lors des Jeudis de Gourdon, programmés tout l’été.

D’une même voix, Julien Holleville, sa compagne Stéphanie Caseiro, et leurs voisins Chantal Charrier et Pierre Dufossé décrivent les cadavres de bouteilles qui jonchent la ruelle, le moindre renfoncement utilisé comme urinoir ou comme déversoir aux estomacs chahutés par le trop-plein d’alcool. Une voisine a retrouvé des excréments sur le capot de sa voiture. Des œufs ont été jetés sur les fenêtres de Stéphanie et Julien. Quant à Chantal, elle a eu la surprise un matin de constater que le pallier de sa maison, pourtant séparé de la rue par une volée de sept marches, avait servi de W.-C. publics durant la nuit.

"On n’a rien contre les fêtes, c’est le dispositif autour qui pose problème"

Le groupe d’habitants insiste : "Nous n’avons rien contre les fêtes, elles animent la ville et font vivre les commerces. Mais c’est le dispositif autour qui pose problème." Alors les habitants se sont organisés, bon gré mal gré. "On s’installe dehors toute la nuit pour surveiller nos maisons, raconte Julien. On fait la police."

"Certains sont respectueux et partent dès qu’on leur fait remarquer qu’on habite là, mais avec d’autres, ça irait à l’affrontement", s’inquiète Stéphanie. "Un jour, ça va dégénérer, gronde Pierre. Après trois ou quatre nuits de veille, on est moins patients…" Le retraité a prévu d’installer des bardages pour bloquer l’accès à son palier, Julien va démonter sa boîte aux lettres et prévoit des palettes dissuasives. "Pas sûr que ça suffise", remarquent-ils.

Un autre aspect qu’ils pointent : l’accès en voiture à leur maison, quasi impossible, et celui des secours. Une partie du tour de ville et la butte sont en effet fermées aux voitures durant les fêtes. "Nous avons une voisine handicapée, remarque Stéphanie, infirmière au centre hospitalier. S’il y a une urgence, les pompiers vont parvenir à accéder, mais ça va prendre du temps…"

Pas d’autres plaintes

Les quatre voisins, copie de mails à l’appui, soutiennent avoir cherché depuis plusieurs années à contacter la mairie, pour discuter d’améliorations. En vain, selon eux. "Je suis très surpris, conteste le maire de Gourdon, Jean-Marie Courtin. J’ai déjà eu M. Holleville au téléphone les années précédentes pour cette histoire d’accès à la rue, de façon très cordiale d’ailleurs. Et mon bureau est ouvert. Mais honnêtement, aucun autre riverain ne s’est manifesté."

Surtout, le maire insiste : "En matière de sécurité, rien n’est laissé au hasard." Une réunion préparatoire le 12 juin avec les pompiers, la gendarmerie, la sous-préfecture ; un test grandeur nature avec un camion de pompiers le matin même de l’ouverture des festivités, le 27 juin ; des véhicules bloquants mais prêts à être déplacés en cas d’urgence sur deux accès à la butte ("Les riverains peuvent prévenir s’ils ont besoin d’accéder"). Même s’il l’admet : de 19 heures à 4 heures du matin, c’est "plus difficile".

"On a mis beaucoup de choses en place"

Quant aux incivilités, la municipalité et le comité des fêtes ont travaillé de concert pour les réduire au maximum. En plus des cinq toilettes publiques fixes, cinq autres sont louées pour équiper le tour de ville (en plus de celles de la douzaine de bars).

"Pour la sécurité, nous mobilisons un budget de 6 000 €, secouristes et poste de secours, vigiles, gendarmerie, rappelle Philippe Delclau, le président du comité des fêtes. On sensibilise sur l’alcoolémie, une aire de repos avec W.-C. et douche a été créée au Marché vieux pour permettre de rester sur place. Vraiment, on travaille à toutes ces questions et on a mis beaucoup de choses en place. Mais on ne peut pas mettre un vigile dans chaque rue et on n’arrivera jamais à zéro incivilité." En l’espace des quatre jours de fêtes, la fréquentation est estimée à plus de 20 000 personnes.